INTRODUCTION
« Le chrétien et la politique », le sujet qui nous intéresse ce jour est d’une importance cruciale à un moment où tout le monde s’interroge et accuse. La situation que notre pays vit aujourd’hui n’est-elle pas du fait des politiciens? N’est-ce pas eux qui nous divisent et nous mettent les uns contre les autres? N’est-ce pas pour satisfaire leur soif de pouvoir que la paix sociale et l’unité de la nation sont aujourd’hui en péril? La politique vaut-elle vraiment la peine que le chrétien s’y engage? Peut-on être un bon chrétien et s’engager dans la politique? Je suis certain que plus d’un chrétien s’est senti souvent gêné de voir des frères afficher leur engagement politique ou leur sympathie pour tel ou tel parti politique. Le chrétien doit-il s’engager dans la politique? Si oui, sous quelles conditions? Si non pourquoi? Quelle doit être la position de l’église et des leaders spirituels dans le débat politique? Tels sont en substance quelques unes des questions auxquelles nous tenterons de répondre dans cet exposé. Mais il convient de donner une définition aux principaux termes de notre sujet pour être certain que nous nous ferons comprendre.
Tentative de définition.
Le chrétien. Ce terme désigne un disciple de Jésus-Christ. En fait, les chrétiens doivent cette appellation à des observateurs extérieurs qui les ont appelés ainsi à cause de leur façon d’être. Ce terme apparaît pour la première fois à Antioche (Actes 11: 26) vers l’an 43 de notre ère pour désigner ceux qui vivaient selon l’enseignement de Jésus-Christ. On constate tout de suite que le chrétien se distinguait dans la société par sa façon d’être et de faire. N’était donc pas appelé chrétien qui le voulait mais qui se distinguait par sa fidélité en tant que disciple du Christ. Il est vrai que dès le IVème siècle avec la conversion de l’empereur romain Constantin (313) et l’érection du christianisme en religion officielle de l’empire romain cette appellation de chrétien ne va plus désigner seulement ceux qui s’illustrent comme tel mais plutôt tous ceux qui vivent dans un Etat ayant officiellement adopté le christianisme comme religion. Ce sera le cas pendant tout le moyen âge. Mais avec la Réforme protestante et les Réveils spirituels, l’on va assister à l’apparition d’églises dites de professants qui vont mettre l’accent sur la conversion véritable de leurs membres et qui vont adopter la séparation entre l’église et l’Etat comme principe de foi. Les églises évangéliques aujourd’hui qui sont leurs héritières ont également adopté cette conception du chrétien comme étant une personne qui est réellement régénérée par le sang de Jésus-Christ et qui s’efforce de vivre en tant que disciple. Nous pouvons définir donc le chrétien comme une personne qui a accepté le salut en Jésus-Christ et qui s’efforce de mettre en pratique les enseignements de la Bible dans tous les domaines de sa vie.
La politique. Ce terme vient de l’adjectif grec (Politikos) qui signifie « ce qui se rapporte à la vie organisée de la cité ». La cité grecque antique était dirigée par les citoyens libres et responsables de façon collective de la quiétude et de prospérité. Nous pouvons donc définir la politique comme l’art de conduire les affaires publiques. Après ces définitions, la question qui vient tout de suite à l’esprit est: Est-ce qu’un disciple de Jésus-Christ a sa place sur le terrain de la gestion de la chose publique?
I- LE CHRÉTIEN A T-IL SA PLACE DANS LA POLITIQUE?
Dans les milieux chrétiens, les positions sont divergentes. Examinons les arguments en faveur et contre l’engagement politique du chrétien.
1- Arguments contre:
– Le milieu de la politique est infesté par l’immoralité. Il y a trop de tentations. Le chrétien y serait trop exposé.
– C’est le domaine des coups bas, de la tromperie, du mensonge et des passions. Or la Bible dit que « les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs » (1Cor 15 :33).
– Jésus n’a jamais fait de politique pendant tout son ministère terrestre. Il a fait une nette démarcation entre le domaine de César et celui de Dieu.1
– La politique concerne la gestion des choses terrestre alors que le chrétien ne doit se préoccuper que des choses du ciel dont il est citoyen.
– Les mauvais exemples dans l’histoire de l’église. Toutes les fois où l’église s’est mêlée de la politique, elle s’est écartée de sa vocation initiale qui est d’annoncer l’évangile.
– L’engagement politique est si prenant qu’il est impossible de faire la politique convenablement et d’être encore disponible pour l’œuvre de Dieu.
2- Arguments pour:
– Si Jésus n’a pas fait de politique, il n’a pas condamné non plus ceux qui la font! Il a plutôt condamné les mauvais politiciens pour leur hypocrisie. D’ailleurs il avait une mission trop importante et un temps trop court pour l’accomplir (3ans et demi). Il n’aurait même pas eu le temps de faire un quinquennat!
– Le chrétien jouit d’une double citoyenneté. Il est citoyen du ciel où il est enregistré dans le livre de vie de l’Agneau (Ap. 21: 27) et il est également citoyen de la terre (Jn. 8 : 23). Pendant qu’il est sur la terre, il ne saurait se dérober à ses responsabilités.
– Le chrétien est le sel et la lumière du monde. En tant que tel, sa place se trouve partout où il y a de l’obscurité ou un manque de saveur.
– Les exigences du contexte. Si les chrétiens constituent la population la plus nombreuse dans un pays et qu’ils se désintéressent de la politique, qui la fera à leur place? Se laisseraient-ils dirigés par les non chrétiens ?
– La politique est d’origine divine. Paul a dit dans son épître aux Romains (13:1) qu’il n’y a pas d’autorité qui ne vienne de Dieu car les autorités qui existent ont été instituées par Dieu. Alors Dieu peut-il instituer des autorités politiques et interdire à ses enfants d’accéder à ces postes?
– Les artisans du meilleur modèle de société ne peuvent se trouver que dans l’église. Car c’est là que l’on enseigne l’amour, la paix et la justice.Au vu de ces arguments contradictoires, force est de reconnaître que les partisans de l’engagement politique du chrétien l’emportent largement. Bien que reconnaissant la valeur et la justesse de certains arguments contre l’engagement politique du chrétien, nous devons admettre qu’il est difficile de soutenir cette position jusqu’au bout au regard de l’enseignement biblique. Si donc nous admettons que le chrétien comme tout autre citoyen a la latitude de s’engager dans la politique, quelle sera alors la particularité du chrétien politicien? Fait-il la politique comme tout le monde ou doit-il s’illustrer par sa singularité?
II- L’ENGAGEMENT POLITIQUE DU CHRÉTIEN, QUELLES MOTIVATIONSIl me semble que l’engagement politique du chrétien doit être soutenu par de nobles motivations. Je voudrais citer ici quelques unes qui me paraissent fondamentales.

1- La politique comme vocation

Dans les églises évangéliques, c’est le principe du sacerdoce universel pour ce qui concerne les fonctions dites sacrée. Cela est fondé sur le fait que dans la nouvelle alliance, il n’y a plus de classe sacerdotale ayant un rôle de médiation entre Dieu et les hommes. Tout chrétien est prêtre et peut de ce fait avoir accès directement à Dieu. Le seul médiateur entre Dieu et les hommes c’est Jésus-Christ (1Tim.2:5). Cependant, la Bible indique que pour certaines responsabilités spécifiques dans l’église, Dieu qualifie certaines personnes en leur accordant un don particulier par le Saint-Esprit. C’est ce que l’apôtre Paul a dit aux Corinthiens en ces termes: « Dieu a établi dans l’église premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement des docteurs; ensuite il y a le don des miracles, puis le don de guérir, de secourir, de gouverner, de parler diverses sortes de langues »(1Cor.12:28). Si cette diversité de dons spirituels est vraie pour la gestion des affaires de l’église, il me semble que l’on peut affirmer sans hésitation que la présence chrétienne dans le monde doit aussi refléter cette diversité d’engagements. D’ailleurs l’histoire du peuple juif nous donne quelques indices dans ce sens. En effet, c’est Dieu qui a établi Joseph comme premier ministre auprès du Pharaon 5 en Egypte pour que par sa gestion prévenante il épargne ce pays de la famine. C’est lui qui a mis Esther comme reine auprès du roi perse Asuérus pour épargner les juifs d’un génocide. C’est lui qui a envoyé Jonas auprès des autorités et le peuple de Ninive pour leur demander d’amender leur conduite. En somme, le Dieu de la Bible est un Dieu qui se sert de qui Il veut pour accomplir Sa volonté partout où Il veut. Et c’est lui qui sait exactement à quel poste Son envoyé peut être le plus utile pour accomplir Sa mission (au niveau local ou national). Est-ce que dans mon pays en ce moment précis je sens que Dieu m’appelle à accomplir une mission particulière. Si oui, qui suis-je pour refuser? Si non, quelles sont mes motivations au moment où je prends la décision de m’engager dans la politique? Est-ce pour devenir riche? Pour avoir un nom? Pour satisfaire un désir de domination où une soif de pouvoir? De ma réponse à ces questions doit dépendre ma décision de m’engager ou non sur le terrain politique. Mais pourquoi est-ce important de prendre autant de précautions avant de m’engager dans la politique?

– Parce que je serai détenteur d’un pouvoir. Or le pouvoir est une arme dangereuse entre les mains de quelqu’un qui ne sait pas s’en servir.
– Je serai responsable du destin de plusieurs personnes. Et le champ politique est par excellence le domaine des passions. Par mon action des vies humaines seront en jeu.
– Cela demandera de ma part beaucoup de sacrifices, de sagesse et d’engagement. Je risque de m’éloigner ainsi de Dieu et de Son service.

2- Un appel à servir.

En servant la nation le chrétien doit avoir à l’esprit que c’est Dieu qu’il sert. Et Jésus a demandé à ses disciples de faire exactement le contraire des chefs de ce monde: « Vous
savez que les chefs des nations les tyrannisent et que les grands abusent de leur pouvoir
sur elles. Il n’en sera pas de même parmi vous. Mais quiconque veut être grand parmi
vous sera votre serviteur » (Mat.20:25-26). D’ailleurs le mot « ministre » dans la Bible signifie en grec serviteur!

3- Un engagement pour la gloire de Dieu.

Étant donné que le chrétien est nanti de l’Esprit de Dieu, il ne saurait rechercher une quelconque gloire personnelle dans ce qu’il fait. Il doit faire resplendir la lumière de Dieu dont-il est porteur. Ses prises de position, ses discours, ses déclarations doivent laisser transparaître sa singularité. D’ailleurs c’est ce que l’Apôtre Paul recommande aux serviteurs dans son épître aux Colossiens (3:23) « Tout ce vous faites, faites-le de toute votre âme, comme pour le Seigneur et non pour des hommes« .

 

III- LA RESPONSABILITÉ DU CHRÉTIEN EN POLITIQUE.
1- Faut-il créer un parti politique chrétien ?

Faut-il créer un parti politique pour les chrétiens? Disons le tout net, ce serait l’idéal. Mais cela ne serait pas judicieux pour plusieurs raisons:
En Côte d’Ivoire, cela n’est pas autorisé par la loi.
Comment savoir qui est chrétien et qui ne l’est pas? Quels seraient les critères de recrutement des membres?
Quel serait le programme de ce parti? L’application des dix commandements de la Bible?
Quelle serait la place des non chrétiens si ce parti parvenait au pouvoir? N’y a t-il y pas de fortes chances que ce parti développe l’intolérance et soit tenté d’imposer le christianisme aux autres.
Et si par la faute de certains de ses membres ce parti posait des actes répréhensibles. Cela ne jetterait-il pas le discrédit sur toute l’Eglise?
Comment les chrétiens pourraient-ils influencer le monde s’ils se mettent à l’écart entre eux? Comment pourraient-ils annoncer l’évangile aux autres s’ils ne les rejoignent pas là où ils sont? Autant d’éléments qui font penser qu’il serait sage que les chrétiens ne créent pas leur parti mais s’engagent plutôt à influencer chaque parti existant par leur présence et leurs actions. Quel doit être alors le rôle du chrétien dans un parti politique?

2- Le chrétien, une conscience critique.

Dans un parti politique, que ce soit à l’égard des instances dirigeantes ou des camarades militants, le chrétien doit être une sorte de conscience critique. Non pas au sens négatif, mais plutôt de façon à rectifier les actions et les motivations. Il doit être suffisamment ouvert pour voir clairement et sans esprit partisan ce qui se fait, l’évolution du parti et pouvoir procéder à des remises en question chaque fois que cela s’avèrera nécessaire. Il ne peut être le militant dévoué qui accepte tout ce qui vient de la direction du parti les yeux fermés. Autrement dit, le chrétien ne peut jamais accepter de devenir un partisan obéissant qui n’est plus capable de remettre en question les décisions parce qu’elles viennent de la haut ou parce que les intérêts du parti sont en jeu. Ce devoir critique du chrétien doit être entretenu par les motivations qui nous ont poussé à choisir tel parti politique au lieu de tel autre; mais aussi par les valeurs chrétiennes que nous sommes sensés promouvoir au sein de ce parti. Cependant, il faut le reconnaître, souvent le leader du parti devient pour certains militants comme une sorte de divinité dont on se réclame et dont on défend les paroles et les actes juste par fidélité ou par loyauté. Il est courant qu’on s’attribue des titres construits à partir du nom ou du prénom de notre leader politique. En Côte d’Ivoire, on des « allassanistes », des « gbagboïstes », des « bédiéïstes » ou des « soroïstes ». Tout homme est faillible et l’histoire nous a montré que les leader politiques en Afrique n’hésitent pas à se dédire ou à faire des alliances au gré de leurs intérêts. En plus il est de notoriété public que « le pouvoir corrompt » selon la célèbre citation attribuée à l’homme politique britannique Lord Acton. Le chrétien en politique devrait plutôt se reconnaitre dans un programme de société avec des valeurs et des moyens pour le mettre en œuvre. Il est vrai que le leader incarne le programme mais le chrétien doit se garder d’en faire une idole.

3- Le chrétien et la question des moyens en politique

Officiellement, tous les partis politiques ont la même finalité: conquérir le pouvoir pour faire le bonheur des citoyens. Seulement, ils se séparent au niveau des moyens et des stratégies à employer pour y parvenir. C’est donc à ce niveau que la vigilance du chrétien doit être optimale. Car c’est là que les questions morales et éthiques se posent. Quels sont les moyens que mon parti propose ou adopte pour parvenir au pouvoir ou pour le conserver? Ces moyens sont-ils conformes tant dans la théorie que dans la pratique avec mes convictions chrétiennes?

Ex. – Le parti nazi a voulu assurer le bonheur du peuple allemand en exterminant les juifs.
– En France le Front National veut assurer le bonheur des français en rendant les étrangers responsables de tous les maux de la France.
– En Côte d’Ivoire depuis les années 90 il y a cette question de l’ivoirité qui catégorise les citoyens selon leurs patronymes ; tendant à exclure de fait du champ politique tous ceux dont la nationalité serait douteuse. Le chrétien ne saurait accepter un moyen injuste, inhumain, dégradant pour accéder au pouvoir. Car, et cela est vrai pour tous les temps, un parti qui triomphe grâce à l’injustice et la violence établira un pouvoir injuste et violent. Le chrétien dans un parti politique doit être celui qui relativise les enjeux politiques et qui dédramatise les situations. La tendance de tout mouvement politique est d’absolutiser son action, d’en faire un « tout ou rien ». Ces extrémismes sont nécessaires pour mobiliser les partisans et les pousser à l’action mais ils sont bien souvent des artifices mensongers. En politique, personne ne détient la vérité absolue. Chaque parti détient une part de la vérité, car la perfection n’est pas de ce monde. Aucun parti ne peut par une quelconque action prétendre réaliser la liberté absolue, la justice absolue, le bonheur absolu. Le chrétien qui s’engage dans un parti politique doit être conscient de ce fait. Son parti aussi parfait soit-il ne peut réaliser que certains changements plus ou moins satisfaisants car il n’appliquera pas son programme avec des hommes parfaits. S’il est conscient de ce fait, le chrétien doit pouvoir tempérer les passions.

4- Le chrétien et la question de la différence des opinions.

Si l’on absolutise la vérité politique, on fini très souvent par considérer le partisan d’en face, celui qui milite dans un parti différent du mien comme un ennemi, un défenseur du mal. Il n’est plus mon prochain mais une sorte de démon qui m’empêche d’atteindre mon objectif. La tentation est forte alors de chercher à l’éliminer. Pour le chrétien, l’adversaire est un homme comme lui. Il doit constamment se rappeler que le militant d’en face, quoi qu’il ait fait, doit être traité comme un homme dont il faut respecter la dignité. Il ne faut jamais céder à la tentation de diaboliser l’adversaire politique. Le chrétien n’a pas d’ennemi humain; son seul ennemi qu’il combat par les armes de Dieu, c’est Satan (Eph.6 :12). Bien plus, le chrétien doit examiner avec sérieux les arguments de l’autre. Il doit pouvoir expliquer dans son propre parti en quoi tel discours ou tel projet émanant d’un parti adverse peut être écouté et pris au sérieux. Il doit même de ce fait pouvoir devenir un lien de communication et de confrontation d’idées entre son parti et les autres.

5- Témoin de Jésus-Christ.

C’est en tant que chrétien que nous nous engageons dans la politique. Il faut donc que nous soyons reconnus comme tel dans notre parti politique afin que par notre attitude nous puissions attirer ceux qui nous entourent vers le salut en Jésus. Il est vrai que le parti politique ne saurait être le lieu d’une propagande religieuse mais, le chrétien doit pouvoir rendre son entourage favorable à l’évangile par sa façon d’être. L’influence du chrétien peut se manifester au sein de son parti soit de façon discrète par les conseils qu’il donne aux uns et aux autres, soit de façon publique pour attirer l’attention sur certaines dérives qu’il constate. D’ailleurs l’exemple d’Ahitophel après du roi David est édifiant à ce sujet. La Bible déclare que ce conseiller avait une si grande influence sur le Roi et son fils que ses conseils étaient comme ceux de Dieu (2 Sam.16:23) « Les conseils donnés en ce temps-là par Ahitophel avaient autant d’autorité
que si l’on avait consulté Dieu Lui-même. Il en était ainsi de tous les conseils d’Ahitophel, soit pour David, soit pour Absalom ». Puissent les chrétiens devenir ainsi dans nos pays! Cependant, si le chrétien ne peut pas s’épanouir en tant que chrétien dans un parti politique donné, s’il se rend compte que les motivations qui l’avaient poussé à adhérer à tel parti politique ne sont plus présentes, s’il se rend compte qu’il ne partage plus les moyens de son parti politique pour conquérir ou conserver le pouvoir, il doit pouvoir élever une protestation et s’il le faut, démissionner de ce parti. En le faisant, il évite de se rendre complice des dérives dont son parti se rendrait coupable. Je ne saurais terminer cette intervention sans aborder la question de l’engagement politique du leader spirituel. Car c’est une question qui suscite beaucoup de passions.

 

IV- LE LEADER SPIRITUEL ET LA POLITIQUE.

S’il est facile de parler de l’engagement politique du chrétien en général, la question devient plus délicate quand il s’agit du pasteur. Le pasteur peut-il prendre position pour un parti politique ou pour un candidat? Si l’on admet que le pasteur est un citoyen comme tout le monde, la réponse serait oui. Et le cas du pasteur noir américain Jesse Jackson qui a joué les premiers rôles au sein du parti démocrate au Etats Unis pourrait être indiqué comme exemple à cet effet. Cependant, s’il faut admettre que le pasteur puisse avoir une position politique, il faut l’affirmer tout de suite: il ne doit jamais utiliser la chaire pour le faire. Parce que l’église n’a pas de parti et toutes les sensibilités doivent pouvoir s’y retrouver. En tout état de cause, compte tenu du fait que dans nos pays l’on confond encore personne physique et idées, adversaire et ennemi, engagement et fanatisme, le pasteur doit faire preuve de discrétion et d’impartialité dans ses prises de positions publique. La prise de position du pasteur pouvant être considérée par certains comme celle de toute la communauté qu’il dirige, il doit éviter dans la mesure du possible d’activer la division et même la haine par une prise de position publique partisane. C’est ce que Martin Luther King dit si bien,  » L’église doit se souvenir qu’elle n’est ni le maître ni le serviteur de l’Etat, mais plutôt sa conscience ». Cela implique que le pasteur qui est la voie officielle de l’église joue un rôle de régulateur des passions politiques par des interpellations à l’apaisement et à la modération à tous les partis.

 

CONCLUSION

Pour conclure, à la question « le chrétien a t-il sa place dans la politique ? » nous pouvons répondre OUI s’il se sent appelé à le faire et s’il a pris le temps de mesurer la responsabilité que cela représente pour lui en tant qu’ambassadeur du Christ dans ce milieu. Ma prière et le souhait le plus profond de mon cœur est de voir émerger de nos églises des hommes politiques chrétiens qui seront réellement sel et lumière dans ce milieu en Côte d’Ivoire.

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