Thème : Pâques 2020,  Qui roulera pour nous la pierre ?

Abidjan le 12/04/2020

Année pastorale 2020

Texte de base Marc 19. 3.

 

INTRODUCTION

Au moment où tout le monde entier est en confinement ; au moment où les cas de contagion  et de mots liées à la maladie de Coronavirus (Covid 19) se multiplient ;  au moment au tous (scientifiques, politiques, religieux, économistes, militaires …) se questionnent et cherchent la solution au Covid 19 ;  le temps marqué pour la célébration de la pâque de 2020 est arrivée. Les suspensions des cultes, de beaucoup d’activités coïncident avec la Pâques qui est la fête la plus importante du christianisme. Elle commémore la résurrection de Jésus-Christ, que le Nouveau Testament situe le surlendemain de la Passion, c’est-à-dire « le troisième jour ». La solennité, précédée par la Semaine sainte. Comment commémorer la Pâque de 2020  dans le contexte de peur, de confinement, de restriction de la liberté de culte, d’aller et de venir? Que dire pour ceux de nos frères et sœurs qui ont l’habitude de se déplacer en ce moment de l’an ?  Cette importante commémoration de 2020 se fera dans le silence, la discrétion et l’anonymat total et dans le recueillement. Une célébration familiale à l’instar des enfants d’Israël en Egypte juste à la veille de leur sortie pour la terre promise Ex 12. 3-11.

3Parlez à toute l’assemblée d’Israël, et dites: Le dixième jour de ce mois, on prendra un agneau pour chaque famille, un agneau pour chaque maison. 4Si la maison est trop peu nombreuse pour un agneau, on le prendra avec son plus proche voisin, selon le nombre des personnes; vous compterez pour cet agneau d’après ce que chacun peut manger. 5Ce sera un agneau sans défaut, mâle, âgé d’un an; vous pourrez prendre un agneau ou un chevreau. 6Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour de ce mois; et toute l’assemblée d’Israël l’immolera entre les deux soirs. 7On prendra de son sang, et on en mettra sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte des maisons où on le mangera. 8Cette même nuit, on en mangera la chair, rôtie au feu; on la mangera avec des pains sans levain et des herbes amères. 9Vous ne le mangerez point à demi cuit et bouilli dans l’eau; mais il sera rôti au feu, avec la tête, les jambes et l’intérieur. 10Vous n’en laisserez rien jusqu’au matin; et, s’il en reste quelque chose le matin, vous le brûlerez au feu. 11Quand vous le mangerez, vous aurez vos reins ceints, vos souliers aux pieds, et votre bâton à la main; et vous le mangerez à la hâte. C’est la Pâque de l’Eternel. 12Cette nuit-là, je passerai dans le pays d’Egypte, et je frapperai tous les premiers-nés du pays d’Egypte, depuis les hommes jusqu’aux animaux, et j’exercerai des jugements contre tous les dieux de l’Egypte. Je suis l’Eternel. 13Le sang vous servira de signe sur les maisons où vous serez; je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous, et il n’y aura point de plaie qui vous détruise, quand je frapperai le pays d’Egypte.

La Pâque juive célèbre un événement central dans l’histoire et la foi d’Israël : l’Exode, c’est-à-dire, la sortie d’Égypte où les Hébreux étaient esclaves de Pharaon. Fête centrale du rituel juif, la pâque commémore le passage de la captivité à la liberté et la délivrance donnée par Dieu.

Pour les juifs, la fête de Pâque ne rappelle pas seulement un souvenir, elle dit qu’aujourd’hui encore Dieu est le libérateur. « À chaque génération, chacun doit se considérer comme si lui-même était sorti d’Égypte, car il est écrit : Tu diras à ton fils : c’est à cause de ce que l’Éternel a fait pour moi, quand je sortis d’Égypte »[1]  Ex 13.14 -15. D’où le la libération du peuple d’Israël.

 

I. LIBERATION DU MAL ET DE LA MORT

Étymologiquement, Pâques signifie « passage », libération. La fête chrétienne de Pâques on l’a dit un peu plus haut trouve ses racines dans la fête juive de la Pâque, qui célèbre le passage de la mer rouge par les Hébreux lors de la libération d’Égypte. Depuis la Résurrection du Christ, c’est la célébration du passage avec lui de la mort à la vie que les chrétiens célèbrent. Par sa Résurrection, le Christ sauve l’Homme du péché, le libère et l’appelle à la vie éternelle.

Les chrétiens ont reconnu dans la mort et la résurrection de Jésus l’accomplissement de ce que préfigurait la sortie d’Égypte : la libération du mal et de la mort, l’appel à la liberté et l’entrée dans la vie voulue et donnée par Dieu (la vie nouvelle). Cette vie nouvelle fait appel à l’œuvre de Jésus-Christ à la Croix et sa victoire sur la mort dans le tombeau.

1) « Qui roulera pour nous la pierre ?» Marc 19.3.

Se demandaient les femmes à l’aube de Pâques. Nous dressons des pierres pour nos morts, des pierres-abris pour eux, pierres-séparations pour les survivants. Des pierres qui inscrivent dans l’espace la distance creusée par la mort, l’absence, le silence. Nos parcours sont jalonnés de ces pierres, de plus en plus d’amitiés ou d’amours perdus au fil de notre vieillissement. Qui nous roulera la mort ? La pierre principale du moment est le Coronavirus du Covid 19. Qui la roulera pour nous ? Les politiciens, les scientifiques, les médecins, les financiers ? Non ! Seul Dieu par sa puissance en Jésus-Christ par son Esprit Saint le fera pour le monde entier.

Il est des pierres dressées et scellées de mains d’hommes, pierres-remparts. pierres-murs, qui écrasent, enferment, pétrifient la volonté et paralysent le courage. Et des pierres-projectiles qui atteignent autrui, blessent, détruisent. Et des pierres charriées par la vie, de plus en plus d’alluvions de souffrance, de deuils, d’échecs, qui engloutissent l’espoir et noient l’avenir. Qui nous roulera le désespoir ? C’est Jésus-Christ de Nazareth le Seigneur de la vie !

Il nous arrive de devenir pierre à notre tour, pierre-boule, intouchable, pierre-mousse, incognito, qui s’installe à demeure et se couvre de terre, pour éviter d’être roulée par d’autres. Pierre immobile et indifférente aux autres, pierre végétative sans autre désir que celui de ne pas souffrir ou de ne pas manquer. Qui nous roulera la mort ? C’est Christ le Sauveur !

2)  La mort roulée par la résurrection

Au matin de Pâques, le troisième jour, le dimanche,  l’inconcevable se fait jour : la pierre n’a pas rempli son office, elle n’a pas retenu le mort. Le mort s’est relevé. La pierre est roulée. La mort est roulée par la résurrection. Alléluia !!! La mort est roulée, mais nos yeux peinent à le voir, et nos cœurs incrédules restent figés. Les disciples au matin de Pâques ont eu le bonheur de rencontrer le Vivant. Pour nous, il ne reste que la pierre roulée comme fragile et ambigu témoignage que l’impossible n’existe pas. Avec, parfois, l’impression fugitive d’avoir rencontré le Vivant et d’avoir vu roulées des pierres que l’on disait immuables…

La mort est roulée, et pourtant subsiste la petite, dernière ennemie, qui distille le doute et les angoisses. Jésus a vaincu la mort. Vaincra-t-il notre peur ? Qui nous roulera la peur [2]?

 

II. L’AMOUR DE DIEU

La peur est l’une des armes les plus redoutables que l’ennemi utilise pour paralyser et influencer la destinée des enfants de Dieu. La peur est l’une des plus grandes causes d’échec dans la société : peur d’échouer, peur du prix à payer, peur de donner, peur des maladies, peur de tomber dans le péché, peur du diable, peur des critiques, peur des hommes (parents) des oppositions, peur de la pauvreté ou peur de la prospérité. A ce questionnement, l’Apôtre Paul répond par ces termes en Romains 8.35 :

« Qui nous sépareront de l’amour de Christ? Sera-ce la tribulation, ou l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou l’épée?

Ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur ».

L’amour de Dieu a roulé la pierre de la mort et toutes les autres. La  mort et la peur n’ont plus de pouvoir « 1 Cor 15.  55. O mort, où est ta victoire? O mort, où est ton aiguillon? 56 L’aiguillon de la mort, c’est le péché; et la puissance du péché, c’est la loi.… ».

Que pouvons-nous conclure de cette réflexion sur la célébration de la Pâques de 2020 ?

 

CONCLUSION

La célébration de la fête de Pâques est l’occasion pour les chrétiens de renouveler leur profession de foi. La Résurrection du Christ est l’accomplissement des promesses faites par Dieu à son peuple. « La fête pascale de la communauté chrétienne commémore à la fois l’institution de l’ancienne et de la nouvelle alliance (nuit pascale [3] ». Ce qui expliquerait d’une certaine façon la forme plurielle du mot Pâques. Rien de plus. La célébration pascal de cette année 2020 est particulière et nous replonge dans la pratique familiale de la Pâques. C’est-à-dire : dans le silence, la discrétion et l’anonymat total et dans le recueillement. Une célébration familiale à l’instar des enfants d’Israël en Egypte juste à la veille de leur sortie pour la terre promise Ex 12. 3-11.

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Note bibliographique

Le journal la Croix  décembre 202

 

Pasteur Gona Timothée YEO, Église AEBECI Koumassi

Président District Sud

yeo.timothee@gmail.com

 

[1] La Mishnah (Mishnah, Pesahim 10, 5)

[2] Elisabeth Parmentier – Pasteur dans l’Eglise luthérienne, maître de conférences à la faculté de théologie protestante de Strasbourg

[3] K. Rahner, Petit dictionnaire de théologie catholique

Catégorie Pâques